Décès de l’écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé à l’âge de 90 ans

Dans la nuit de lundi à mardi 2 avril, l'écrivaine guadeloupéenne Maryse Condé est décédée, a indiqué son mari, Richard Philcos, à l’AFP. Elle avait 90 ans. Écrivaine, mais aussi professeure et journaliste, la Guadeloupéenne a passé une partie sa vie dans une épopée mouvementée, rythmée par ses nombreux voyages entre les Antilles, Afrique de l’Ouest et les États-Unis. « J’ai toujours travaillé avec elle dans ses différentes maisons d’édition, et j’étais profondément admiratif de son rayonnement, de son courage. Elle a donné l’envie à énormément d’écrivains de se lancer et de combattre avec elle », a réagi auprès de l’AFP son éditeur, Laurent Laffont. Ses romans lui ont valu de nombreux prix, notamment pour « Moi, Tituba sorcière » (grand prix de la littérature de la Femme, 1986) et « La Vie scélérate » (prix Anaïs-Ségalas de l’Académie française, 1988). Née à Pointe-à-Pitre le 11 février 1934, cette grande voix de la littérature francophone avait abordé, dans une trentaine de livres, l’Afrique, l’esclavage et les multiples identités noires. Elle était également très connue aux États-Unis, où elle a vécu vingt ans et ouvert, et dirigé, à l’université de Columbia un centre d’études francophones.

En 1993, Maryse Condé a été la première femme à recevoir le prix Putterbaugh décerné aux États-Unis à un écrivain de langue française. Lus dans le monde entier, ses romans s’interrogent sur une mémoire hantée par l’esclavage et le colonialisme, et, pour les descendants des exilés, sur une recherche identitaire. En témoignent, entre autres, « La Migration des cœurs » (1995), « Desirada » (1997) et « Célanire cou-coupé » (2000). Elle a récemment  publié « En attendant la montée des eaux » (Lattès, 2010), qui a reçu le Grand Prix du Roman Métis, et « La Vie sans fards » (Lattès, 2012). Elle a initié la création du prix des Amériques insulaires et de la Guyane qui récompense le meilleur ouvrage de littérature antillaise.

En 2004, après une vie aux quatre coins du monde, Maryse Condé préside le comité pour la mémoire de l’esclavage. Pour son œuvre foisonnante, l’autrice guadeloupéenne a reçu en 2018 le prix Nobel « alternatif » de littérature lors d’une cérémonie à Stockholm. En 2019, la romancière guadeloupéenne reçoit la Grand-Croix de l'ordre national du Mérite des mains du président Emmanuel Macron. La Guadeloupéenne Maryse Condé a remporté le mardi 14 décembre 2010 le Grand Prix du Roman Métis pour son livre « En attendant la montée des eaux ». Elle s'est vue attribuée une dotation de 5.000 euros de la Ville de Saint-Denis. Avec Aimé Césaire et Edouard Glissant, la Guadeloupéenne Maryse Condé a longtemps incarné la puissance et la créativité de la francophonie caribéenne. Romancière hors pair, elle a sur mettre en fiction la révolte et la pensée océanique de ses deux aînés.